By Mummy B.
Mes amours, mes enfants,
Ce soir encore, la haine a frappé de toutes ses forces sur notre pays. Ce pays dont nous vivons si éloignés et dont nous sommes pourtant tellement proches par la pensée.
Maman vous le dit souvent. Les monstres, ça n’existe pas. C’est juste dans les histoires du soir et de toutes façons c’est toujours les gentils qui gagnent. Mais maman, comme toutes les mamans du monde, ment à chaque fois un petit peu quand elle vous dit ça. Car des monstres, fous et violents, blessent notre monde trop souvent. Et cette fois, pour la troisième fois en un an et demi, c’est notre patrie qui est meurtrie.
Si ce soir, je ne peux m’empêcher d’écrire, c’est parce que je ne dormirais pas beaucoup cette nuit. Je ne pourrais m’empêcher de vérifier cent fois que vous respirez paisiblement. De regarder mille fois votre visage si détendu par le sommeil. D’imaginer vos petits rêves d’enfants vous transporter dans un monde merveilleux, un monde qui n’existe que dans votre esprit pur et innocent d’enfant. De remercier notre bonne étoile pour tout cet amour et ce bonheur dont nous profitons chaque jour.
Cette nuit, je me répéterai sans cesse la chance inouïe que nous avons votre papa et moi de vous avoir dans notre vie. Et je ne pourrais m’empêcher de penser à toutes ces familles brisées, ce bonheur éclaté, ces vies déchirées… au nom de quoi?
Ce soir en apprenant la nouvelle, je me suis effondrée. Parce qu’une fois encore, une énième fois de trop, la barbarie froide et incompréhensible s’est abattue sur des innocents. Une fête nationale, un feu d’artifice… que de souvenirs d’enfance! Parce que, bien sûr, ce genre d’événement, on y va en famille. Et alors inévitablement, avant que les chiffres sortent, avant que les détails soient donnés, il était évident que cette fois, on n’avait pas épargné les enfants.
Comme vous, ils avaient des parents qui aimaient s’amuser. Qui avaient décidé que tous ensemble ils iraient profiter des festivités.
Comme vous, ils avaient peut-être enfilé de jolis habits parce que ce soir, c’était la fête.
Comme vous, ils devaient être tellement excités de cette soirée un peu spéciale où les habitudes étaient pour une fois mises de côté.
Comme vous pour l’Independence Day à New-York, eux aussi ont dû lever leurs grands yeux ébahis devant les explosions colorées et bruyantes, le spectacle flamboyant qu’offrait la ville de Nice pour ce 14 juillet.
Comme vous, leurs petits cœurs ont été transportés de joie grâce à cette soirée en famille, entre amis, remplie de rires, de joie et de complicité.
Comme vous, certains ont profité des épaules de papa ou des bras de maman pour se sentir à l’abri, protégés dans la foule et dans le bruit. Peut-être un peu effrayés par tout ce monde, mais n’imaginant pas le danger qui approchait.
Comme vous, ils étaient sûrement pleins de vie. Des petites boules d’énergie positive. Un avenir aux possibilités infinies devant eux.
Mais cette vie, on leur a pris.
Petits êtres sans défense, fatigués par cette journée de fête. Ils auraient dû se réveiller demain matin des étoiles encore plein les yeux. Profiter de ce long week-end d’été qui s’annonçait. Pauvres petits, reposez en paix, vous qui n’avez rien demandé, qui ne savez même pas ce qui s’est passé.
Mon cœur saigne d’imaginer la détresse infinie de leurs parents, de leurs familles, de leurs proches. Mes yeux se noient de ne trouver les mots justes pour honorer ces vies volées. Celles des enfants et toutes les autres. Des amoureux, des frères et sœurs, des amis, des voisins, des cousins… des gens qui s’aimaient tout simplement et que les atrocités de la nuit ont séparés.
Je suis horrifiée à l’idée de ces enfants perdus dans la foule, cherchant leurs parents au milieu de la panique, des cris, des larmes, des corps… que reste-t-il de leur innocence? Sur quelles bases se construiront leur adolescence, puis leur vie d’adulte? A quelles valeurs se raccrocheront-ils quand ils se réveilleront en sursaut de leurs cauchemars qui les hanteront encore et encore?
Mes amours, vous êtes encore trop petits pour savoir. Trop petits pour comprendre. Et puis, je ne suis pas sure qu’il y ait vraiment un âge où l’on comprend ça.
Parfois, je voudrais vous garder rien que pour moi. Ne pas vous laisser grandir. Vous protéger en vous gardant dans un petit cocon de douceur et d’innocence. Je voudrais que jamais vous n’ayez à être confrontés au malheur, à la tristesse, à l’impuissance angoissante de n’avoir aucune solution, aucune action possible pour que ce genre de drame n’arrive plus.
Mais je sais qu’un jour viendra, vous devrez faire face à ce monde bien plus sombre que celui de vos rêves, bien plus laid parfois, bien plus dangereux souvent et plus retors aussi. Ce monde je voudrais le peindre de mille couleurs pour vous en cacher les horreurs qui s’y passent chaque jour. Ce monde je voudrais le prendre dans mes bras et le soigner pour vous l’offrir réparé.
Mais vous allez grandir et vous allez vivre. Et il n’y a rien que je puisse faire pour vous épargner les chutes, les blessures, les pertes, rien que je puisse faire pour que vous ne vous rendiez pas compte des saletés, des injustices, du mal qui sévit.
Je ne peux que vous guider vers une façon d’envisager la vie. De la voir comme un cadeau inestimable, un présent sans limite et d’avoir soif d’en découvrir chaque trésor. Car ce monde, aussi laid soit-il parfois, peut se révéler tellement beau à d’autres moments. La beauté, l’intelligence, la joie, la solidarité, l’amour, le miracle qu’est la vie… Cette vie, je vous demande d’en profiter chaque seconde, de la croquer à pleines dents, d’en faire une fête au quotidien. Cette vie, si précieuse, si belle, mais aussi si fragile, je vous demande de la chérir, de la protéger et de l’aimer d’un amour sans faille et sans doute. Car c’est cet amour de la vie, et donc cet amour de l’autre, qui pourra sauver notre monde.
Cet amour de la vie qui résonne dans chacun de vos éclats de rire, qui rayonne dans le moindre de vos sourires, qui nous éblouit par son inconditionnalité. Cet amour de la vie, je vous souhaite de le garder intact et d’en faire le pilier inébranlable qui vous guidera jour après jour.
Mes amours, mes enfants, je vous aime.
4 Réponses
ivan et françoise
Beaucoup de chagrin, de tristesse et d’incompréhension face à la barbarie.
nous sommes tous les 4 très choqués.
on pense à vous et attendons des nouvelles plus gaies de votre périple sur les routes américaines.
bisous bisous
Cind
ton article m’a donné les larmes aux yeux 🙁
Elodiefamily81
Tellement touchant.
Je suis maman d’un petit garçon de 3ans et demi et je me retrouve totalement dans tes mots si bien écrits. La réalité est déjà très dure, trop dure, pour nous alors pour nos chers enfants plein d’innocence. …
En hommage à toutes ces victimes il faut profiter de chaque instant de la vie.
♡♡♡
ELODIE T
Très beau texte qui me donne beaucoup de frissons.. J’imagine l’horreur que toutes ses personnes presente ont dû vivre ce soir la. On vit dans la peur perpétuellement. On Se dit Aujourd’hui on est la demain on est plus la. Même en quelques heures notre vie peut basculer .. C’est pour sa qu’il faut profiter de chaque instant que la vie nous offre . Votre famille nous donne une bonne leçon de vie . Vous repirez le bonheur et l’amour!! Et j’espère vraiment que lorsque le Jour ou nous formeront une famille nous croqueront la vie à pleines dents comme vous .. Bisous a vous 4