By Mummy B.
Jeudi 8 août, on célébrait à Singapour (comme dans de nombreux autres pays) Hari Raya Puasa, la fin du ramadan. Ici, il s’agissait d’un jour férié et les singapouriens ont donc pu profiter d’un week-end de 4 jours car vendredi aussi était férié.
En effet le 9 août, c’est la date d’anniversaire de l’Indépendance de Singapour vis-à-vis de la Malaisie, le National Day Parade! NDP, pour les intimes…
Je vous en avais déjà parlé ici. Comme je vous l’avais dit, les répétitions du spectacle suivi du feu d’artifice ont lieu plusieurs semaines à l’avance. Tout comme la décoration des habitations de la ville!
En effet peu après mon arrivée, j’ai vu fleurir sur les balcons des HDB et les grilles d’entrée des condominiums de nombreux drapeaux nationaux. Plus on s’est approché du jour J, plus le nombre de drapeaux s’est accru. Même le chantier en face de notre condo arborait fièrement les couleurs du pays cette semaine.
La ferveur des singapouriens ne s’arrêtait d’ailleurs pas à draper les murs de blanc et de rouge. Quelques jours avant la fête, on entendait même des chants à la gloire de la Cité-Etat dans les radios des malls. Tout un programme!
Daddy B. ayant dû travaillé jeudi, il ne bénéficiait cette semaine « que » d’un week-end de trois jours (mais il pourra rattraper ce jour férié travaillé plus tard). Nous avions à l’origine prévu de rester à Singapour. Nous avons d’abord pensé visiter Sentosa, une île artificielle à l’extrémité sud de Singapour, puis nous avons songé à Gardens by the Bay. Et puis la soirée avançant, nous avons décidé subitement de quitter Singapour, et l’agitation qui tourne autour du NDP, pour partir en week-end… ailleurs!
Un petit tour sur Google, quelques clics sur des blogs d’expat’ bien avisés… et nous avons opté pour Malacca! Après avoir rassemblé l’essentiel pour ce week-end improvisé avec un bébé, nous sommes allés nous coucher près à nous lever dès l’aube pour attraper le bus de 8h en direction de cette ville encore inconnue pour nous.
Nous sommes arrivés assez tôt au Golden Mile Complex, accessible via le MRT soit par la station Nicoll Highway (ligne jaune) soit par la station Lavender (ligne verte).
Un peu naïfs (ou complètement inconscients!), nous n’avions bien entendu rien réservé à l’avance : ni hôtel ni ticket de bus. Cela aurait pu se dérouler comme sur des roulettes (de nombreux backpackers parcourent ainsi l’Asie sans savoir où ils vont dormir le lendemain), mais c’était sans compter que les week-ends prolongés sont souvent l’occasion de partir dans les pays voisins pour bon nombre de singapouriens et d’expat’.
Malacca, nous n’étions pas les seuls à y avoir pensé…tous les bus partant à 8h étaient complets! Les seuls billets restants étaient pour un départ à 11h. Après une petite hésitation, nous nous sommes lancés et avons acheté chacun notre billet aller pour 25 sgd (soit 15€)!
Pour ceux que ça intéresse, il y a la possibilité de booker son billet à l’avance pour Malacca sur le site de Journey Malaisya. C’est sans doute ce que nous ferons la prochaine fois!
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Un bus plutôt moderne… avec des rideaux ultra-kitsch! |
MALACCA, nous voilà!!!
Nous voilà, certes… mais pas instantanément quand même! Il faut en temps normal 3h pour rejoindre Malacca depuis Singapour (sans compter le passage de la frontière). Cette fois, entre les embouteillages et le passage à la frontière, il nous aura fallu 5h. Heureusement nous étions confortablement installés, dans des fauteuils larges avec suffisamment d’espace pour étendre nos jambes et même la possibilité d’actionner l’option « vibration » pour avoir un massage du dos. La route est assez monotone. Un peu comme chez nous, l’autoroute est assez linéaire. La seule différence c’est qu’elle est bordée de plantations de palmiers à huile. Mimi B. a été très sage et a même dormi une partie du chemin.
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Dans le bus, on chante « Une poule sur un mur » |
Une fois arrivés à Maleka Sentral, la gare routière, l’aventure a vraiment pris une tournure un peu stressante. Ne s’improvise pas backpacker qui veut… et nous, avec un bébé sur les bras et un chien resté au bercail, on n’avait quand même un paquet d’impératifs à respecter. Entre autres : être rentrés le lendemain soir pour s’occuper de Doggy B. et avoir un endroit où dormir pour la nuit.
Le guide du routard conseille de prendre son billet de retour en arrivant à Malacca. En effet il est trois fois moins cher que celui acheté à Singapour. Nous sommes donc arrivés confiants au premier stand qui proposait des billets vers Singapour. Mais là… douche froide! Aucune place de disponible ni pour le samedi ni pour le dimanche. Au second stand… pareil! Et à chaque stand les mêmes réponses implacables : « No more », « full », « finish »!
Alors là, on a commencé à se dire que notre petit coup de folie n’était peut-être pas l’idée du siècle!
Et puis en réfléchissant un peu, nous avons eu un éclair de génie! Certaines compagnies proposaient aussi des billets pour Johor Bahru, une ville malaise frontalière avec Singapour. Nous avons donc refait le tour des stands pour trouver des tickets dans cette direction et, après s’être faits encore une fois refouler un peu partout, une compagnie avait encore quelques billets pour le lendemain soir.
C’est donc rassurés que nous avons été à la recherche d’un taxi pour nous amener en ville. En Malaisie, il faut savoir qu’on négocie le tarif de la course avant de faire le trajet. C’est le chauffeur qui indique le prix qui lui convient et cela varie en fonction de la distance, de l’heure, de l’offre de taxis disponibles et aussi souvent à la tête du client! On devait avoir l’air de parfaits pigeons puisque le chauffeur de taxi a négocié 35 RM (ringghit malaisien, environ 8€) la course jusqu’au centre-ville, alors que le guide du routard indiquait que ça tournait plutôt autour de 15 RM. Mais il n’y avait pas tellement d’autres taxis aux environs et on avait quand même envie de trouver un hôtel rapidement afin de pouvoir commencer à profiter de la ville.
Sur la route, nous avons appelé une guesthouse conseillé par Le Guide du Routard et très bien notée sur TripAdvisor. Mais, Hari Raya Puasa oblige, il s’agissait aussi d’un grand week-end en Malaisie où l’Islam est la religon d’Etat. Il ne leur restait donc plus aucune chambre. Idem pour la guesthouse suivante, et celle d’après aussi.
A partir de ce moment là, le chauffeur a commencé à en rajouter sur le fait que c’était un grand week-end, que tout était complet, qu’on allait avoir beaucoup de mal à trouver une chambre pour la nuit. Il s’est donc proposé de nous aider et nous a emmené dans un hôtel qu’il connaissait : Le Palace Hotel. En fait de palace, il s’agissait plutôt d’un taudis qui donnait sur une grande route très bruyante et assez éloignée du centre-ville. Je me suis quand même donné la peine de jeter un coup d’oeil à la chambre. Une horreur! La moquette était toute tachée, la pièce lugubre et ça braillait dans tous les sens. J’ai quand même demandé le prix en me disant que si vraiment on ne trouvait rien, on trouverait de la place ici. Et là j’ai cru m’étouffer : 122 RM (presque 30€) ce qui est largement surévalué pour ce type de chambre à Malacca. A mon avis, le chauffeur devait prendre sa petite commission et ça l’aurait bien arrangé qu’on continue à être de gentils touristes naïfs et dociles. Mais à partir de ce moment là, on a arrêté d’écouter son blabla anxyogène et on lui a demandé fermement de nous emmener dans un quartier avec des hôtels pour backpapers qui sont légion en Asie.
Nous y avons trouvé notre bonheur et avons pu profiter de notre week-end sereinement.
Le retour a été à peu près aussi épique que l’aller. Il y avait encore beaucoup d’embouteillages et alors que l’on met normalement 3h pour rejoindre Johor Bahru (il n’y a pas de passage de frontière, on est encore en Malaisie), nous sommes arrivés à 22h passé en étant partis à 18h. La route était plus intéressante. Il y a quand même de nombreux palmiers à huile, mais on voit aussi des paysages montagneux assez jolis. Mimi B. a dormi presque tout le long du voyage et nous avons pu nous reposer également.
En descendant du bus, nous nous sommes rendus compte que la gare routière était un joyeux bordel. Beaucoup de monde, beaucoup de bruits, des gens qui gesticulent et qui crient dans tous les sens. Rien à voir avec l’organisation très carrée dont on a pris l’habitude à Singapour. Nous avons fini par comprendre que pour rentrer à Singapour, nous pouvions prendre le bus n°170 de la SBS (équivalent de la RATP à Singapour avec la SMRT). Nous avons donc diné sur place et avons ensuite rejoint la longue file d’attente pour Singapour.
On peut acheter son billet directement au chauffeur pour 2RM (moins de 0,5€) ou payer avec sa carte de transports singapourienne. Le passage à la frontière est complètement différent par rapport à l’aller. Alors que les bureaux malais sont petits et l’organisation un peu brouillonne, ceux pour rentrer à Singapour font presque penser à un aéroport : c’est très grand, très lisse et très chronométré! Il faut bien penser à garder son billet les deux fois où l’on descend du bus pour les contrôles douanniers afin de pouvoir y remonter.
Le terminus du bus 170 est Queenstreet, mais nous avons préféré nous arrêter au premier arrêt desservant le MRT vu l’heure avancée. Nous sommes donc arrivé à la station Kranji (sur la ligne rouge) vers minuit et la ligne n’était plus desservie jusqu’à la fin. On n’a pu aller que jusqu’à la station Ang Mo Kio. Il a fallu terminer en taxi les dix dernières minutes de trajet.
Nous sommes arrivés vers 1h du matin, bien fatigués après ce long trajet mais ravis de notre week-end que je vous raconterai plus en détail dans un prochain article : ici.
Au final, partir de manière improvisée nous a quand même beaucoup plu. Les petites frayeurs que nous avons eu nous ont bien fait rire a posteriori et je pense que nous retenterons l’aventure… mais peut-être pas sur un week-end à rallonge car c’est quand même un peu plus compliqué!