By Mummy B.
Depuis que nous avons emménagé dans notre nouvelle maison à Rockville, une ville du Maryland à proximité de Washington DC, notre vie a un peu changé. En effet, nous avons… un jardin! Pour ceux qui nous suivent sur Instagram, vous l’avez déjà vu plusieurs fois car nous en profitons beaucoup avec les enfants.
Bordé d’arbres, il est le lieu de rendez-vous de nombreux petits animaux pour le plus grand bonheur de notre Mimi qui adore les regarder. Des écureuils, des lapins et de nombreuses espèces d’oiseaux nous font un joli spectacle chaque jour.
Mais aujourd’hui, nous avons dû faire face à une situation toute nouvelle pour nous. En fin de journée, nous avons retrouvé prostré au pied d’un de nos arbres un jeune écureuil. En le voyant se déplacer autour du tronc, apeuré mais très limité dans ses mouvements, il nous a semblé qu’il avait une patte cassée.
Ne sachant pas trop quel bon comportement adopter, nous nous sommes tournés vers internet. Comme nous nous en doutions, la solution n’était pas de le recueillir chez nous en attendant qu’il se rétablisse. En effet, outre le fait que cela soit absolument illégal au Maryland (tout comme en Californie et de nombreux autres Etats des USA), cela n’est de toutes façons pas la meilleure solution dans l’intérêt de l’animal de jouer à l’apprenti vétérinaire.
Nous avons donc appelé les Animal Services de notre County (le Montgomery County Animal Services) qui nous a donné les coordonnées du service correspondant dans notre ville que nous avons donc contacté dans la foulée. Après avoir pris nos coordonnées et demandé si nous étions bien présents à notre domicile, on nous a confirmé qu’un agent des Animal Services allait passer.
Nous avons attendu une petite heure avant d’apercevoir une petite camionnette de notre ville se garer devant chez nous. L’agent a été très rapide. Avec une pince spéciale, il a réussi à attraper l’écureuil et l’a placé dans une cage. Il nous a confirmé qu’effectivement il semblait avoir la patte cassée et qu’il allait donc être hospitalisé puis relâché une fois rétabli. Il semblait très confiant sur les chances de récupération de ce jeune écureuil qui a été pris en charge suffisamment tôt pour que ne s’ajoutent pas à son état de santé déshydratation, malnutrition, fièvre ou hypothermie..
Pourquoi ne pas recueillir « tout simplement » l’animal chez soi?
Déjà parce que, comme nous l’avons déjà dit, c’est bien souvent illégal aux Etats-Unis comme en France. En effet la plupart du temps, les espèces sauvages sont protégées et leur détention n’est pas autorisée.
Bien sûr, on peut avoir envie d’aider un animal qui nous semble en difficulté. Mais en le gardant chez soi et en essayant de le soigner soi-même, on peut non seulement aggraver son état en ne lui prodiguant pas les soins adaptés et en ne lui apportant pas le régime alimentaire convenable, mais on peut aussi le rendre dépendant de l’homme, ce qui compliquera fortement son retour à la nature et pourrait même le mettre en danger si il n’arrive pas à se réadapter suffisamment rapidement.
Comment savoir si un animal a besoin de notre aide?
Il est possible de souhaiter apporter de l’aide à un animal qui n’en a pas besoin et ainsi même de le mettre en danger par notre comportement intrusif. Il est donc fondamental de bien identifier les situations où l’animal pourrait vraiment avoir besoin de nous de celles où nous ne devons absolument pas intervenir. Sauf en cas de blessure physique visible, il vaut mieux vérifier si la situation qui nous semble problématique l’est vraiment (ou pas) avant de tenter une action de sauvetage.
En effet, les centres de soins accueillent trop régulièrement des bébés animaux que l’on a cru abandonnés alors qu’il n’en était rien. Par exemple, une biche peut laisser de très longues heures son petit dans un endroit qui lui semble sûr. Le soustraire à cet endroit brisera définitivement le lien avec sa mère qui, même si on replace son petit, le rejettera sans doute car il aura été en contact avec des humains. Et dans ce cas, les centres n’ont d’autres choix que de garder le faon et d’essayer de le faire survivre en l’alimentant avec du lait artificiel. Il est important de noter que tous ne survivront pas. On peut donc bel et bien faire plus de mal que de bien en voulant aider.
Quels précautions prendre si l’on doit transporter soi-même un petit animal sauvage?
Lorsqu’il s’agit de gros animaux, le mieux sera de contacter le service compétent pour qu’on vienne s’occuper de lui directement sur place. Renseignez vous bien avant de vouloir transporter l’animal sur les centres de soins et les organismes de protection des animaux locaux. N’hésitez pas à leur exposer la situation clairement pour qu’ils puissent vous donner le meilleur comportement à adopter.
Il est possible dans certains cas que vous ayez à transporter vous-même un petit animal jusqu’à un centre de soins. Dans ce cas, il est important de prendre quelques précautions. En effet, un animal sauvage ne voit pas en l’homme un protecteur, mais un prédateur… de grande taille de surcroît! Il peut donc avoir des réactions de défense telles que griffures ou morsures.
Préparez-vous (une fois l’animal attrapé, il faudra savoir dans quel contenant le déposer et aller directement au centre de soin) et protégez-vous (des gants seraient le minimum pour s’éviter une blessure, sans oublier que certains animaux peuvent transmettre des maladies graves tels que la rage ou la peste bubonique).
Quel bon comportement adopter avec les animaux sauvages en bonne santé dans la nature?
Cet article qui concerne les réflexions, réactions et comportements à adopter auprès d’un animal qu’on pense en difficulté m’a donné envie de rappeler aussi comment se comporter de manière plus générale auprès des animaux sauvages.
Notre Mimi adorerait pouvoir toucher, caresser ou encore même donner à manger à tous les animaux que nous pouvons rencontrer dans notre jardin ou lors de nos fréquentes randonnées. Mais nous lui apprenons que tous ces comportements, tout à fait acceptables avec Doggy B. qui est un animal de compagnie, ne le sont pas quand il s’agit d’animaux sauvages.
Bien sûr quand on aime les animaux, on a envie de s’en occuper et d’aller à leur contact… sauf que justement PARCE QU’ON LES AIME, il faut savoir que, la plupart du temps, il vaut mieux ne pas être intrusif et surtout ne pas perturber de quelque façon que ce soit leurs habitudes et rythmes de vie qui sont les garants de leur bien-être et de leur bonne santé.
Les State Parks et les National Parks aux Etats-Unis ne cessent de communiquer sur des règles fondamentales trop souvent ignorées par les promeneurs. Et ce qui est valable sur ces endroits protégés, le bon sens veut que ce soit, par extension, applicable à n’importe quel endroit dans la nature. Encore une fois, le comportement des Hommes est bien souvent guidé par de bonnes intentions, mais il peut avoir des conséquences graves pour le bien-être des animaux sauvages.

Le programme national « Leave No Trace », qui a pour but de promouvoir le respect de l’environnement et du patrimoine naturel des Etats-Unis en développant une conscience éthique auprès de la population, informe notamment sur le respect de la vie sauvage. On peut lire qu’il est préférable d’observer les animaux à une distance raisonnable sans les déranger (par exemple utiliser des jumelles plutôt que de s’approcher des gros mammifères, d’abord parce qu’ils peuvent avoir des réactions de défense dangereuses mais aussi pour préserver leur tranquillité) et de comprendre que si le comportement d’un animal change alors qu’on s’approche c’est que l’on est trop près.
Enfin il faut absolument s’interdire de nourrir, même en petites quantités, les animaux sauvages. En effet, ils trouvent tout ce dont ils ont besoin dans la nature, nos produits (trop riches, trop gras, trop sucrés, trop salés et parfois même bourrés d’additifs déjà peu recommandés pour nous) ne sont pas du tout adaptés à leur régime alimentaire et peuvent leur être nocif. Les indigestions et intoxications alimentaires ne concernent pas exclusivement les humains et nos amis à plumes, à poils ou à écailles n’ont pas tout un arsenal de médicaments pour se sentir rapidement mieux, ils peuvent même décéder des suites d’un repas partagé avec un humain. Et même sans se terminer systématiquement de manière fatale, les animaux nourris par les Hommes développent les mêmes maladies que nous liées à la malbouffe : excès de cholestérol, obésité,… Je me rappelle avoir été particulièrement choquée du nombre d’écureuils obèses qui quémandaient de la nourriture aux abords du visitor center à Yosemite, lors de notre visite en août 2011.

De plus un animal nourri par l’homme perd l’habitude de chercher sa propre nourriture, devient dépendant à la présence humaine, ce qui peut lui être néfaste une fois la basse saison venue et l’affluence de touristes moins importante. Cela l’amène aussi à adopter des comportements qui ne sont pas naturels, voire agressifs. L’animal qui provoque le plus de blessures dans le Parc National du Grand Canyon par exemple est… le rock squirrel (écureuil des rochers) !!!
Et enfin, je me souviens d’un point soulevé par les panneaux d’informations mis en place par les rangers lors de notre visite à Yosemite qui m’avait particulièrement interpellée : le fait de nourrir les petits mammifères attirent ces espèces sur les lieux de concentration humaine dans les parcs nationaux et d’Etats (les aires de repos et de restauration, les chemins de randonnée…). Or ces petits mammifères servent également de repas aux plus gros animaux (chat sauvages, lynx, etc…) qui alors migrent eux aussi vers ces zones très fréquentées par les humains, ce qui pose alors de sérieux problèmes de sécurité pour les visiteurs.
Nous avions traité dans d’autres articles de certaines activités tentantes pour les amoureux des animaux, mais qui sont à éviter. N’hésitez pas à les consulter aussi pour comprendre pourquoi :
Quand on adore les éléphants, on ne monte pas sur leurs dos lors de vacances en Asie.
Lorsqu’on est fana de dauphins, on ne nage pas avec eux dans un centre aquatique où ils sont en captivité.
Notre comportement influencera celui de nos enfants, puis celui des enfants de nos enfants. Aucun geste n’est anodin, dans un sens comme dans l’autre. Réfléchissons bien à la planète que nous voulons léguer aux générations futures!
Ou comment un petit écureuil venu s’échouer dans notre jardin m’aura donné l’occasion de reparler d’un sujet qui me tient à cœur et de vous servir un pavé comme je n’en avais pas fait depuis longtemps!
D’autres liens utiles à consulter :
PSA – Que faire avec les animaux sauvages malades ou blessés?
LPO – J’ai trouvé un animal blessé
7 Réponses
Stéphanie
Très bon article !
Cécile (je sais que tu passeras par là), je te dedis cet article car ça fait un moment que j’ai envie de t’engueuler d’avoir donner à bouffer au chipmunk à Tahoe :p
Cess
Oui j’avoue j’ai été faible … c’est dingue qu’ils déploient autant de moyens pour un « simple » petit écureuil, je trouve cela admirable !
Eva B
Oui c’est vrai que j’ai été impressionnée par leur rapidité. J’avais un peu peur qu’on me dise qu’au final c’est un nuisible et qu’ils ne pouvaient rien faire. Mais en fait ils s’occupent comme ça de chaque animal sauvage qu’on leur signale (oiseaux, rongeurs, tortues, daims…). Et Mimi était toute contente de savoir que l’écureuil allait être soigné et remis en liberté, mais un peu déçue de savoir que la remise en liberté ne se ferait pas dans notre jardin! LOL
Eva B
Merci! 🙂 C’est vrai que beaucoup de personnes ne se rendent pas compte que derrière un bon moment passé en donnant à manger à un petit animal sauvage, il peut se cacher des conséquences terribles pour l’animal ensuite.
Plumette
Merci pour ce très bel article. Intéressant et instructif surtout.
Et en le lisant, j’ai pensé à NYCYLA dont je suis le blog aussi…..en me disant qu’il faudrait qu’elle applique ces bons conseils lors de ces prochaines sorties!
ivan et françoise
très intéressant et pédagogique cet article.
les gens pensent faire le bien en nourrissant les animaux alors que c’ est catastrophique.
on ne le dira jamais assez et ce sont à nos enfants qu’on doit le répéter pour en faire des adultes responsables.
sinon je suis fan des écureuils et je trouve que les moyens déployés et la rapidité de la prise en charge
de cet animal pour le sauver sont top.
bisous bisous
Eva B
C’est tellement mignon les écureuils! On a beau en voir très souvent depuis qu’on habite aux US, à chaque fois ça me fait plaisir et je prends une petite pause pour les observer (idem pour les petits lapins qui viennent squatter le jardin quand Willow n’y est pas!) C’était vraiment super de voir qu’ici ils prennent le temps de répondre à ce genre de situation (surtout qu’il était pratiquement 18h quand l’agent est venu, ils auraient pu tout aussi bien nous dire que c’était trop tard pour aujourd’hui au telephone).