By Mummy B.
Les Philippines, vous l’avez compris, ont été une révélation. Voici le récit de notre première journée à Manille.
Après un vol en soirée le lundi 23 juin, où nous avons pu savourer le service (et le diner!) de Singapore Airlines, nous arrivons dans la nuit à notre hôtel The Bayleaf et nous effondrons dans notre chambre.
Le lendemain matin, après un petit-déjeuner ensemble, Daddy B. part travailler. Je me retrouve donc seule avec Mimi B. dans le plus bel hôtel d’Intramuros, le quartier historique de Manille. Pas question de rester enfermée dans la chambre, je prends une carte à la réception et part à l’assaut de la ville. Manille n’est pas franchement réputée pour être très sécuritaire. Il y a même clairement certains endroits à éviter, surtout quand il parait évident que vous n’êtes pas du coin. D’ailleurs la plupart des témoignages que j’ai pu lire sur les forums de voyage et des blogs conseillent de ne pas s’y éterniser… il parait qu’il n’y aurait rien à faire! Et bien je dirais que c’est comme le mythe disant qu’on ne trouve aucune plage déserte en Thaïlande en pleine saison : tout dépend ce qu’on recherche et où on va!
Dans Intramuros, je ne me suis pas sentie en insécurité. Par contre, nous avons toujours évité de nous balader à la nuit tombée.
Me voici donc en fin de matinée sous une chaleur de plomb à m’aventurer dans le labyrinthe de rues et ruelles que représente tout quartier quand on commence à le visiter. Carte à la main, reflex autour du cou et écharpe de portage dans le sac. Tout de suite, je remarque l’influence hispanique qui s’est inscrite dans l’architecture lors de la colonisation de Manille par les conquistadors en 1571. En effet la ville resta sous domination espagnole pendant plus de trois siècles.
Je ne croise aucun touriste. Je deviens donc très vite l’attraction du jour… et Mimi encore plus! Pourtant après un an passé en Asie, je devrais avoir l’habitude, mais là je me retrouve entourée de personnes qui veulent nous parler, la toucher… C’est toujours fait avec beaucoup de gentillesse, mais toute cette attention finit par nous mettre un peu mal à l’aise. Et puis les chauffeurs de Tuk-Tuk ne cessent de m’aborder et de me suivre alors que je leur répète que je préfère marcher. Je me sens un peu oppressée et préfère accélérer le pas pour trouver des rues un peu plus tranquilles.
Sur la carte, il semble qu’un musée n’est pas trop loin. Il s’agit du Bagumbayan Light and Sound Museum, qui a été installé dans un ancien couvent à l’occasion de la campagne « Visit Philippines 2003 ». Nous y arrivons mais il ne semble pas avoir d’accueil pour me donner plus d’informations. A part une salle avec un piano et une petite cour à l’arrière il n’y a pas grand chose à voir. Et puis, me voyant un peu perdue, une femme entame la discussion avec moi. Elle s’apelle Armie et est professeur en collège. Aujourd’hui elle accompagne sa classe au Musée. Ses élèves patientent pour la prochaine visite qui a lieu dans un petit quart d’heure. Armie me propose de nous joindre à eux. Je suis ravie et laisse Mimi B. faire quelques gammes au piano en attendant que les portes s’ouvrent. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre avec ce musée, mais je suis touchée de la gentillesse de cette professeur philippine.
J’intègre donc le groupe au moment où la visite commence et essaye de me fondre au maximum au milieu du groupe. Le Musée retrace différentes époques mais s’intéresse notamment à la vie de José Rizal, un personnage majeur dans l’histoire du pays, héros national qui paya de sa vie son engagement pour l’émancipation du peuple philippin. Je ne le sais pas encore, mais Rizal marquera énormément mon séjour aux Philippines. Ce personnage fort et courageux me poussera à m’intéresser à la culture de son pays et à comprendre les blessures et les combats qui ont construit cette nation.
La visite du Light and Sound Museum dure une heure, mais on ne la voit pas passer tant c’est interactif. Des scènes dynamiques avec des mannequins animés, de la musique et des jeux de lumière viennent apporter de la vie aux différents chapitres de l’Histoire des Philippines. De Singapour à Manille en passant par Séoul, j’aurais vraiment été conquise par les technologies utilisées pour rendre accessibles et intéressants les musées, un modèle qu’il serait intéressant d’exploiter en France! Même Mimi B. est attentive à ce qui se passe. Pour elle, c’est comme un spectacle!
A la fin de la visite, je propose à Armie de faire une photo de sa classe et de lui envoyer par e-mail. Elle est enchantée et les élèves aussi. Je les quitte, surprise et heureuse de la tournure inattendue qu’a pris la matinée.
Après avoir demandé mon chemin (la sortie du musée n’étant pas au même endroit que l’entrée!), je suis attirée par une petite cantine où déjeunent seulement des Philippins (en même temps, je n’ai toujours croisé aucun touriste!). J’entends des rires, des bruits d’assiettes, de couverts et ça sent super bon… Nous y rentrons! Mimi B. et moi nous partageons une soupe de bœuf aux choux avec du maïs chaud et du riz. C’était copieux et délicieux. Les clients et les serveurs discutent un peu avec moi, ils adorent tous Mimi et ses bouclettes. Et je suis très agréablement surprise au moment de payer, notre addition est dérisoire (100 php, soit moins de 1,80€, bouteille d’eau comprise).
Ce déjeuner m’aura aussi permis d’apprendre mes premiers mots en tagalog, la langue locale : « Salamat » (Merci) et « Maganda » (belle, ça c’est pour Mimi!).
Plus en confiance désormais, je m’attarde et flâne dans les rues. Je m’imprègne de l’ambiance, note les couleurs, respire les odeurs et prends le temps cette fois de discuter avec les chauffeurs de Tuk-Tuk. Ils savent que je n’utiliserai pas leur service, je ne suis pas pressée et préfère marcher, mais ils semblent heureux de simplement discuter avec moi et rigoler avec Mimi B.
Il y a des enfants partout. Mimi va vers eux. On lui donne des gâteaux, elle partage les siens. Je commence à comprendre la mentalité qui règne ici et ça me plait. Je discute avec les personnes qui m’arrêtent sur la route. Je profite simplement de chaque instant sans me demander ce qui suivra.
Puis je reprends mon chemin en direction du musée Bahay Tsinoy, qui explique l’histoire des chinois aux Philippines (les Tsinoys). L’entrée coûte 100 php. Encore une fois c’est très instructif mais aussi ludique et Mimi apprécie. Au delà des explications écrites et des petits objets ou manuscrits présentés qui retracent le parcours de cette ethnie depuis la Préhistoire à nos jours, il y a aussi beaucoup de maquettes et de mannequins qui mettent en scène la vie des siècles passés. Le musée est assez petit et se visite rapidement (tout dépend si vous lisez toutes les explications ou pas : seule avec Mimi, j’ai dû faire quelques impasses).
Nous continuons ensuite vers la Cathédrale. Un très bel édifice où règne une certaine quiétude et une grande ferveur. Aux Philippines, le catholicisme est très présent puisqu’il est pratiqué par plus de 80% des habitants, ce qui en fait d’ailleurs la première communauté catholique d’Asie. Et ce monument rend bien compte de l’importance que cela prend.
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Depuis la place en face de la Cathédrale (également appelée Basilique de l’Immaculée Conception), on peut aussi admirer le palais du gouverneur.
La place est également envahie par des carrioles tirées par des chevaux. En plein soleil, sous une chaleur écrasante, les pauvres bêtes n’ont ni eau ni nourriture et semblent bien fatiguées. Même si Mimi B. aurait adoré faire un tour dans les petites charrettes, je lui explique que, comme pour les éléphants en Thaïlande, il ne faut pas faire ce genre d’activité car les animaux souffrent et ce n’est pas gentil pour eux. A son âge, je suis étonnée qu’elle comprenne si bien : elle me répétera toute la journée qu’il ne faut pas aller sur les chevaux ici car ils « ont bobo ».
Nous croisons aussi bon nombre de jeepneys. Il s’agit du moyen de transport en commun local. Ce sont d’anciennes Jeep, remontées en sortes de bus et repeintes dans de belles couleurs vives. C’est très typique, un véritable emblème ici!
Nous terminons la journée au Fort Santiago, l’une des plus vieilles fortifications de la ville. L’entrée est payante (75 php pour un adulte, environ 1,30€, gratuit pour Mimi). Comme il n’y a aucune voiture dans le parc, Mimi peut marcher seule sans danger. Le parc est vraiment très beau avec une végétation luxuriante et de belle fontaines.
Au fond, on trouve une petite aire de jeux… ambiance locale assurée! Pour résumer, les normes de sécurité sont bien différentes de nos standards occidentaux : il y a une cage à écureuil, une structure en métal qui a disparu de nos cours de récré depuis des années en France, jugée trop dangereuse. Je me souviens que nous en avions une à l’école quand j’étais petite et on était nombreux à en sortir le nez ou les lèvres sanguinolents… Quant aux tape-culs, ils n’ont rien pour amortir les fesses! Mais pour Mimi, cela ne fait pas une grande différence : des jeux restent des jeux et elle s’y amuse bien.
Enfin on arrive à l’entrée du Fort Santiago. On traverse un pont et on arrive dans un second parc où se trouve le musée-sanctuaire de Rizal (Rizal Shrine). Il y est présenté des souvenirs lui ayant appartenu, mais c’est aussi et surtout là où se trouvait la cellule de Rizal, la pièce où il vécut ses derniers instants avant d’être fusillé en 1896 à l’âge de 35 ans.
En cette fin de journée bien remplie, la fatigue se fait sentir. Nous rentrons donc à l’hôtel en tuk-tuk. Pour 50 php (soit 0,90€), nous nous épargnons un bon quart d’heure de marche. Le véhicule est bien plus petit que ses cousins thaïlandais ou cambodgiens. Deux adultes y sont donc très serrés, mais seule avec Mimi, nous avons assez de place. Après cette grande balade où Meryl aura dormi seulement une petite heure dans l’écharpe et a marché presque tout du long (une vraie petite aventurière!), elle s’effondre dans le lit à l’hôtel jusqu’à ce que Daddy B. rentre du travail en début de soirée.
Nous dînons tous ensemble au restaurant de l’hôtel. Le Sky Deck View Bar est une très belle terrasse sur le toit de l’hôtel avec vue panoramique sur Manille. Avec nos cocktails et un repas excellent, nous passons une superbe soirée et commençons déjà à apprécier l’ambiance aux Philippines.
Forcément, comme ils disent… it’s more fun in the Philippines!
2 Réponses
Cess
Je n’avais jamais lu cet article, quelle journée !
Je suis sûre que j’adorerais cette ville aussi. Mimi est une vraie attraction !
Les animations dans les musées ont l’air vraiment top.
Merci pour la balade 🙂
Eva B
J’ai vraiment beaucoup aimé Manille, le passé de la ville très intéressant à joué ainsi que l’accueil particulièrement chaleureux des habitants. C’est vraiment un endroit où il ne faut pas hésité à s’arrêter quelques jours avant d’aller découvrir le reste du pays qui a tellement à offrir!